
Peter Blanck, Christopher Schnieders et des membres de la démarche Capdroits
La rencontre autour du programme de recherche évaluative “supported decision making” menée par le Burton Blatt Institut de l’Université de Syracuse et le Saks Institute for mental health law, politics and ethics, et de l’enquête conscientisante, élaborée par Charlotte Rabine, mandataire judiciaire à la protection des majeurs, s’est tenue à Lyon en septembre dernier.
Après avoir présenté le contexte de leurs instituts respectifs, Peter Blanck et Christopher Schneiders ont présenté leur enquête dont vous pouvez retrouver une illustration vidéo en ligne.
Les questions ont ensuite porté sur les raisons du développement de “l’accompagnement à la décision” dans le contexte états-unien, et sur les liens entre “recherche et activisme”.
Charlotte Rabine a de son côté évoqué les différentes genèses de l’enquête conscientisante (Economie et Humanisme, Paolo Freire, l’INODEP), avant de présenter son adaptation dans le contexte de la relation d’accompagnement protectionnel. L’outil est composé d’une série de questions auxquelles la personne protégée comme le mandataire doivent répondre, afin d’améliorer la relation d’accompagnement mais aussi la rédaction des Documents Individuels de Protection des Majeurs, afin qu’ils soient “plus en phase avec la volonté des personnes et leurs besoins”. Charlotte Rabine a illustré son usage à partir de l’exemple d’une personne protégée d’une cinquantaine d’année, en mesure de curatelle, avec qui la relation était difficile, et dont le “pouvoir d’agir” semble avoir été renforcé grâce à l’enquête conscientisante.
Nous vous proposons quelques retours des participants.
Retours de Christopher Schnieders, directeur du Saks Institute
“Strong exchange of ideas on supported decision making, guardianship and rights of people with disabilities, particularly psychiatric disabilities. Very important and essential input from users/consumers and the necessity of listening to decisions, preferences, and rights of users. An interdisciplinary group brought by capdroits learning about research of BBI and Saks Institute…and discussions about as advanced directives and guardianships are done in practice.”
Retours de Sylvie Daniel, cadre socio-éducative, membre de la coordination de la démarche
“J’écoute les intervenants parler de la genèse de leur programme d’accompagnement à la prise de décision (“supported decision making ») qui est devenu au fil du temps intéressant pour le gouvernement américain car ce dernier s’intéresse à l’amélioration des rapports entre les forces de l’ordre et des personnes SDF avec des troubles de santé mentale, à la diminution des faits de violence sur la voie publique.
J’apprends qu’aux Etats-Unis, l’accompagnement de l’écriture des Directives Anticipées est assuré par des avocats spécialisés alors qu’en France, la plupart du temps, ce sont des pairs-aidants et /ou des professionnels de la relation d’aide qui accompagnent ces réalisations.
Rapidement, me vient la question : comment associer la désinstitutionalisation à l’œuvre en France avec des modalités d’accompagnement à la prise de décision des personnes vulnérables ? Aux Etats-Unis, ces vagues ont semble-t-il été en lien avec des programmes de suivi et de recherche pour que les personnes sortantes des institutions (psychiatriques, sociales ou médico-sociales) soient soutenues dans la période suivant leurs départs pour éviter des formes de ruptures ou d’abandon. En France, il semble que les politiques du Logement d’Abord et du Rétablissement ne portent que peu de préoccupations à ces questions ; pour quels effets dans les années à venir ? Qu’adviendra-t-il des oubliés de ces programmes ?
La journée se poursuit. Charlotte RABINE, mandataire judiciaire en exercice à Lyon, vient humblement nous présenter un outil innovant : l’enquête conscientisante. Un outil modifiant le positionnement stratégique du mandataire dans le but de provoquer du pouvoir d’agir dans l’accompagnement protectionnel. Sa présentation vient démonter en quoi l’accompagnement à la prise de décision est avant tout un changement de paradigme et non une technique. Mme RABINE ose le changement, créée, réfléchit, propose. Elle doute d’elle-même mais elle essaye avec les personnes accompagnées et elle s’essaye sur la sphère publique à parler de son travail. L’investissement est là avec le désir que le soutien à la prise de décision soit adapté au plus juste des besoins exprimés/ressentis car une aide trop soutenue devient de la coercition et finalement de la contrainte. Dans ces pratiques protectionnelles, il existe des questions éthiques fortes et des limitations notamment liées aux multiples facteurs d’influence (leurs suprématies, leurs affrontements, leurs controverses) des divers domaines d’expertise : juridique, médical, social, d’expériences…
La journée prend fin. Seule dans ma voiture, je me remercie d’avoir encore osée l’aventure de cette participation à cette démarche CAPDROITS qui n’a de cesse de me chahuter mais qui m’amène sans cesse à me questionner, à « être » en dialogues.”
Retours de Jacques Lequien, mis en écrit par Isabel Perriot-Comte, membres de la coordination de la démarche
“Cette enquête pourrait aller encore plus loin pour permettre de connaître ce que la personne interrogée voulait dans sa vie. On ne voit pas comment cela peut l’aider dans sa vie parce que des fois les mandataires ça peut aider dans la vie.”
Retours de Charlotte Rabine, mandataire judiciaire à la protection des majeurs, initiatrice de l’enquête conscientisante en accompagnement protectionnelle
“Je suis contente d’avoir eu l’occasion de partager mon expérience sur le terrain en tant que MJPM avec les membres de Cap Droits et leurs invités. Les échanges ont été riches avec l’ensemble des personnes présentes venues d’horizons variés qui partagent un intérêt commun pour la question de l’accompagnement à la prise de décision (usagers, chercheurs, professionnels). Les regards se croisent, les analyses se complètent et j’en sors avec une volonté, encore plus grande, de persévérer dans ma démarche.”