Par Valérie Lemard
Le dimanche 15 mars 2020
Il est peut-être 15 heures, je suis dans un square du 20ème arrondissement à Paris, allongée dans l’herbe.
Denis est quelques pas, sur un banc au soleil. Les pigeons roucoulent et c’est comme un avant-goût du printemps. Et pourtant, que dire ? que faire ?
Urgence d’écrire pour dire l’indicible d’une situation. Le vent incline l’herbe et je frissonne, malgré tout, inquiète et transie, malgré la douceur de l’air…
J’ai la gorge serrée, nouée. Je tourne la tête : Denis est toujours là au soleil et me sourit.
Et pourtant…
Ce matin je me revois l’appeler au secours et puis couper court à toutes conversation, avaler un demi Xanax puis un autre, allumer la radio : chant de France et me recoucher dans la moiteur de mon lit ; vraiment « pas le courage d’affronter la journée, une de plus ».
Rien n’est plus comme avant, non, plus comme avant…
Il faut que j’apprenne ce silence en moi qui ne suis plus que l’ombre de moi-même ; pourtant les gens ne réalisent pas dans quel marasme je ne me trouve ni dans quel marasme ils se trouvent eux-mêmes…
Et même cette légère ondulation de l’air ne me fait guère sortir de ma torpeur ni de ma lassitude…
– Il faudrait réagir mais à quoi bon !
Ou bien prendre un stylo et une feuille et noircir des pages et des pages pour trouver un refuge et ne pas devenir complétement folle : voilà la raison, certes louable mais ô combien fastidieuse de cette bafouille
Le ciel est d’un bleu sans nom, qui tranche avec la réalité du Covid 19 de la vie de tout un chacun…