Recueil Confcap – situation #29 : Indignation citoyenne face aux violations des droits de l’homme commises envers ma famille et mes amis au nom d’un ensemble de conceptions appelé « santé mentale »

Auteur : Jules Malleus (nom d’auteur)

Contexte de description : Expérience personnelle, recherche personnelle, regard d’auteur-bloggueur-activiste, échanges sur les médias sociaux.

Résumé : Violation des droits humains basiques, tortures, crime contre l’humanité: hospitalisations et traitements forcés, endoctrinement idéologique, non-respect du consentement éclairé, pseudo-diagnostics, création et entretien de conditions iatrogènes et de dépendances pharmacologiques, traumatismes et destruction des personnalités, désinformation sur les produits prescrits, refus du sevrage, non-reconnaissance d’un syndrome de sevrage, non-reconnaissance des conditions iatrogènes produites et entretenues, prescriptions de produits toxiques aux enfants, non-réparations.

Confusion entre répression et médecine. Idéologie dominante, intérêts corporatistes et industriels, pseudo-science, contrôle des médias, opacité sur les pratiques, non-représentation des usagers, non-réponses aux pétitions. Demandes non médicales adressées aux médecins, méthodologie médicale inappropriée, viols de l’éthique médicale et des droits de la personne. Conditions iatrogènes crées de toutes pièces, entretenues ad vitam. La contrainte et la désinformation comme stratégies de marketing industriel dans des marchés de prescription.

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Je suis un citoyen indigné. Je vis dans une société qui utilise l’argent de la charité obligatoire pour violer les droits de personnes désignées.

Je voudrais que l’on pense à ceux et celles que les pratiques dites de “santé mentale” mettent en danger de mort aujourd’hui même. Je parle des personnes que l’on a mises sous contention et sous médication forcée, à doses invalidantes. Elles sont en danger de noyer leurs poumons dans des régurgitations, de mourir d’accidents thrombo-emboliques, ou d’autres conditions. Certaines sont en rétention d’urine, la plupart en constipation médicamenteuse.

Les personnes que l’on torture ainsi le sont généralement parce qu’elles refusent les pratiques psychiatriques qui leur sont imposées. C’est à dire qu’elles sont dans leurs droits, et celles qui les attachent sont dans leur tort. Je considère qu’il s’agit de pratiques punitives, faites d’escalade dans la violence institutionnelle, et qui ont pour objet de briser les résistances.

Je voudrais qu’on pense aux personnes qu’on a laissées dans les oubliettes de la société, dans des institutions où elles sont maltraitées et médiquées de force, et qui ont fini par renoncer à tout. Leur silence est leur personnalité traumatisée par la maltraitance commise en notre nom.

Jouissons-nous de la liberté de nous mouvoir, de la liberté de jouir d’habiter notre corps tel que la nature l’a fait, de réfléchir, de mémoriser, de lire, d’écrire, de s’exprimer, de se concentrer, d’éprouver des émotions, d’exercer sa créativité, de pouvoir nous défendre? De nombreuses personnes en sont privées aujourd’hui par la force.

Que l’on pense aux personnes qui n’ont pas d’autre recours que de s’enfuir à l’étranger pour échapper à la camisole chimique imposée.  Pour échapper aux menaces que celle-ci  fait peser sur la vie, aux dommages cérébraux qu’elle entraîne. Ceux-là cavalent comme des criminels dans une société d’injustice, vivent dans la peur, et doivent gérer par eux-mêmes et la précarité et les sevrages.

Pour répondre à cela, je vous invite à vous poser d’autres questions:

– Pourquoi ne considère-t-on pas qu’une condition observée chez une personne médiquée est iatrogène jusqu’à preuve du contraire?

– Pourquoi n’assimile-t-on pas toute condition chez une personne médiquée qui suit une baisse de dosage, et améliorée par le retour au dosage antérieur, à un syndrome de sevrage?

– Pourquoi les prescriptions de produits psycho-actifs sont-elles reconduites, absurdement, à chaque fois?

– Pourquoi les demandes de sevrage ne sont-elles pas honorées?

– Pourquoi n’informe-t-on pas complètement les personnes des dangers des produits? Pourquoi passe-t-on outre le consentement éclairé, y compris sur la durée?

– Pourquoi persiste-t-on à répondre de façon médicale à des demandes pour lesquelles on a exclu une cause somatique? Dont l’histoire et les circonstances d’apparition ne suggèrent pas une cause somatique? Pourquoi convertir de telles demandes en pseudo-diagnostics biologiques? Pourquoi mentir aux personnes, aux familles, aux sociétés, aux juges, sur la validité de telles étiquettes? Pourquoi penser à chaque fois selon le schéma “maladie / diagnostic / traitement” face à des demandes aussi diverses? Qui sont sociales, psychologiques ou spirituelles? Qui souvent n’émanent pas des personnes elles-mêmes, mais reflètent en réalité un conflit? Qui traduisent une volonté de violer les droits d’autrui?

– Pourquoi s’engager dans un mensonge collectif dont les conséquences sont telles qu’on ne peut plus le dénoncer? Quelle est la nature des pièges que nous avons ainsi constitué pour nous-mêmes et pour nos semblables? Pourquoi une condition psychiatrique est-elle à vie? Pourquoi n’en guérit-on pas? Pourquoi est-on toujours suspect? Dans quelle mesure est-ce un discrédit, une diffamation? Quel impact sur l’entourage, les employeurs, les banquiers, les assureurs, les policiers, les juges?

– Qui demande que l’on agisse de cette manière? Est-ce pertinent? Est-ce conforme à l’éthique médicale?

– Enfin qui profite financièrement d’une telle situation? Qui consacre des budgets considérables à promouvoir et à étendre de telles pratiques? Qui crée les modes? Qui change les mots pour mieux revendre les concepts usés? Qui conçoit l’idéologie, et en même temps les outils de tests, qui en fait la promotion, qui en assure la reconnaissance universelle? Qui conçoit des produits qui produisent les symptômes, et qui sont presque impossibles à arrêter?

Après le bac, j’ai fait médecine. Quand il a fallu pratiquer, les conflits moraux m’ont semblé si intenses  que je n’ai pas voulu continuer. A l’époque je ne parvenais pas à expliquer. Le langage appris ne le permettait pas. Aujourd’hui, 20 ans après, les abus continuent, et j’exprime, enfin, toute mon indignation, par mes mots et par mes dessins.

Questionnements et pistes d’analyse suscités par la situation :

Pourquoi ce message d’indignation n’est-il pas entendu ? Pourquoi n’est-il pas répondu à la pétition que j’ai initiée ? Pourquoi la convention ONU droits des personnes handicapées CDPH qui proscrit ces abus n’est-elle pas respectée ? Pourquoi les législateurs ne la respectent pas ?

Recommandations :

– Proposer aux laboratoires pharmaceutiques de souscrire à une charte éthique : Renoncement à fournir des produits qui sont prescrits sans consentement, transparence des financements, assurance collective des labos vis à vis du risque d’accident médicamenteux, pour une meilleure indemnisation des victimes, assurance obligatoire des labos vis à vis des pertes provoquées par la découverte d’effets nuisibles graves sur leurs produits (afin que les mesures de retrait des produits soient prises immédiatement), libre et complet accès aux données des essais pour les chercheurs, cotisation à un fonds en faveur des recherches pour les maladies rares, etc. Choix des usagers de consommer uniquement les produits des laboratoires éthiques.

– Dénoncer la confusion entre médecine et répression. Faire décider la politique par les usagers. Donner pouvoir aux experts-usagers à tous les niveaux. Abolir l’agrément de conformité idéologique des associations d’usagers. Séparer la politique et la médecine. Assurer les médecins obligatoirement contre les recours des usagers. Faciliter ces recours. Abolir les pratiques de non-dénonciation des collègues par confraternalité.

– Mettre effectivement en application la convention CDPH : arrêt des hospitalisations forcées et des traitements forcés. La sécurité publique et l’exercice de la violence doivent être le monopole des officiers de police sous l’autorité du juge, ce n’est pas le travail du médecin, ce ne sont pas des ‘soins’. La punition et l’incapacitation des personnes dont les comportements sont jugés inacceptables est le monopole du système pénal, ce n’est pas le travail du médecin. La contention, l’isolement, le traitement forcé sont assimilables à de la torture et doivent être abolis. Tout médecin doit accepter une demande de sevrage médicamenteux et l’assister. Les prises de décisions substitutives comme les tutelles doivent être remplacées par des prises de décision assistées.

– Pas de prescription de psychomédicaments aux enfants. Pas de psychodiagnostics sur les enfants. Pas d’institutionalisation mais la participation en classe avec les autres. Le choix de l’enfant doit primer. Pas de retrait de garde d’enfants pour motif de handicap.

– Mettre sur pied une commission de vérité et réconciliation car la psychiatrie forcée représente un crime contre l’humanité.

Principaux textes de droits mobilisés dans la situation ou qui pourraient l’être :

Convention ONU CDPH. Convention contre la torture. Lois françaises et européennes de santé mentale et sur les tutelles.

Eclairages issues de la mise en dialogue Confcap2017 :

Lors de l’atelier, il a été évoqué le thème de la psychiatrie se comportant comme une religion d’état. J’ai reçu des encouragements et des expressions de sympathie.

L’éclairage est venu plutôt des conférences ultérieures à Confcap où j’ai appris comment fonctionne le dialogue entre le comité de la CDPH, le gouvernement et la société civile et ce qu’on peut en attendre.

Il m’a semblé que la société française et l’opinion sont imprégnées d’idées fausses et de préjugés entretenus de façon presque unanime par les médias et par le gouvernement et que cette situation constituait le frein essentiel à la restauration de la dignité des personnes.

J’ai alors étudié comment le mode de rémunération des laboratoires pharmaceutiques induit le disease-mongering, c’est à dire l’art de rendre la population malade ou de la convaincre qu’elle est malade ou en danger de le devenir. L’énorme force des sommes investies pour influencer la médecine, la psychiatrie et l’opinion et le poids du lobby médical sont des facteurs qui empêchent la société civile de s’épanouir hors de la soumission à l’idéologie gouvernementale et de permettre aux usagers de reprendre le pouvoir sur leur vie.

J’ai conclu qu’on devait changer les règles du jeu afin qu’empoisonner les personnes coûte plus cher que cela ne rapporte. Ce sont mes propositions plus haut.

 

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