Recueil Confcap – situation #76 : Un chantage pour la curatelle renforcée : une influence abusive ?

Auteure : Sandra, Capdroits autisme

Contexte de description : Issue d’expérience personnelle, mise sous curatelle renforcée suite à une menace de signalement émise par un travailleur social à la suite de découverts non autorisés liés à des achats pas forcements nécessaires (vie d’étudiante) et de non versements de certaines sommes dues par le département pour rémunérer mon aidant familial et payer les cotisations URSAFF.

Résumé : L’an dernier, j’ai été contrainte par une association d’aide aux personnes handicapées et ma famille d’accueil de faire une demande de curatelle renforcée me privant de certains de mes droits sous prétexte de mon incapacité à gérer seule mon budget sans contrôle et de ma naïveté. Si je n’avais pas fait cette demande un travailleur social de l’association l’aurait fait à ma place pour « pas perdre son poste soit disant en raison du non signalement de ma ” fragilité ” » et ça aurait été encore plus contraignant pour moi.

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J’ai été placée en famille d’accueil à l’âge de 1 an et demi avec mon grand frère alors âgé de 3 ans et demi dans le cadre d’un placement ASE (aide social à l’enfance) suite à un signalement de maltraitance avéré au sein de ma famille biologique.

J’ai vécu au sein de ma famille d’accueil jusqu’à 21 ans grâce au placement ASE et un contrat jeune majeur.  Ce qui m’a permis de grandir dans un environnement où j’ai pu m’épanouir, bénéficier de toute l’affection dont j’avais besoin et être en sécurité.

A 21 ans ma famille d’accueil a pu bénéficier d’un agrément de famille d’accueil pour personnes handicapées signé avec moi et le département pour me permettre de rester dans cette famille d’accueil et continuer mes études, tout en versant une rémunération a cette dernière : une partie de l’AAH + un complément versé par le département pour rémunérer ma famille d’accueil et payer les charges URSAFF .

L’an dernier, j’ai appris que ma famille d’accueil ne souhaitait pas renouveler l’agrément de famille d’accueil pour personnes handicapées me permettant de continuer à vivre avec eux tout en versant un salaire à cette famille d’accueil.

Cette décision avait été motivée par le fait que ma famille d’accueil souhaitait repartir au Maroc dans son pays natal pour profiter pleinement de leur retraite.

J’étais la seule enfant qui restait dans cette famille d’accueil qui avait arrêté de travailler avec l’ASE suite à des problèmes de santé. Je continuais de bénéficier d’un accueil au sein de cette famille grâce à un agrément d’ailleurs problématique car aux yeux de la sécurité sociale ma famille d’accueil avait été jugée inapte au travail. D’autre part cela faisait également quelque mois qu’on rencontrait des soucis avec le travailleur social en charge de « superviser cet agrément », ce qui a aussi motivé cette décision.

J’ai alors demandé à partir vivre dans un logement autonome une fois mon master achevé.

Il a été difficile de convaincre ma famille d’accueil d’accepter cette décision car eux souhaitaient que je  les suive à l’étranger, néanmoins un travail avec le travailleur social dont je bénéficiais dans le cadre du placement en famille d’accueil pour personnes handicapées (il s’inscrivait dans le cadre de la poursuite du placement ASE) , ainsi qu’avec ma psychologue TCC et ma  famille d’accueil m’a permis de travailler certains axes en vue de me préparer à vivre seule en logement autonome .

Cependant, c’était sans compter sur la présence d’un travailleur social pour qui un syndrome d’Asperger signifiait être en incapacité de vivre seul dans un logement autonome et qui de ce fait lors des RDV avec moi ne faisait que de pointer mes difficultés à ma famille d’accueil pour les convaincre d’aller en ce sens ; difficultés à faire face aux tâches du quotidien en raison de mon extrême fatigabilité dû à mon statut d’étudiante.

Je ne m’étais pas aperçu de tout cela. Ce n’est que quand j’ai exprimé mes difficultés en terme de gestion de mon budget et qu’en parallèle ça a commencé à se compliquer car le département ne remplissait plus sa part du marché me versant de l’argent pour rémunérer ma famille d’accueil et payer les charges URSAFF que les ennuis sont arrivés.

Des huissiers de justices sont venus à plusieurs reprises chez ma famille d’accueil pour récupérer l’argent ce qui n’a pas plu à ma famille d’accueil.

Je faisais de faibles découverts tous les mois et cette situation a accentué mes problèmes.

Ma famille d’accueil a donc alerté le travailleur social qui me suivait sans que j’en sois informée.

On a commencé de plus en plus à parler de placements sous mesure de curatelle que je ne voulais pas car je savais que je serais privée de beaucoup de mes droits et que j’avais fait une demande de SAVS (service d’accompagnement à la vie sociale) pour m’aider à m’installer en logement autonome et m’accompagner au mieux dans ma nouvelle vie.

Le travailleur social avait réussi à convaincre ma famille d’accueil de me mettre sous curatelle sous prétexte que j’étais en incapacité de gérer seul son budget : c’était vrai en quelque sorte car ma famille d’accueil m’aidait beaucoup  dans la gestion de mon budget ; et que les personnes porteuses du syndrome d’Asperger sont très naïve, et n’ont pas la valeur des choses.

J’ai donc été obligée de faire cette demande seule car le travailleur social m’avait dit que si cette demande n’émanait pas de moi, ce serait à lui de le dire sous prétexte de ma grande vulnérabilité qui la mettait dans une situation de danger que celui-ci devait à tout prix signaler sous peine de perdre son poste.

Malheureusement la psychologue qui me suivait et à laquelle cette situation avait était exposée est allée elle aussi dans le sens de tout le monde.

Je n’ai donc pas eu d’autres choix que de demander cette mesure de force.

J’avais demandé une curatelle simple mais cette mesure n’a pas été acceptée.

Aujourd’hui ça fait 1 an et 2 mois que je suis sous curatelle et ma mesure va être réexaminée à ma demande pour aller vers un assouplissement au maximum de la mesure dans un premier temps, puis une suppression dans un second temps.

Questionnements et pistes d’analyse suscités par la situation :

Dans cette situation le syndrome d’Asperger a été le prétexte pour me mettre sous curatelle en raison d’une mauvaise vison des retentissements de ce «  handicap » dans mon  quotidien.

Il faut savoir que oui les personnes avec TSA peuvent rencontrer certaines difficultés pour gérer leur argent et que ce sont des personnes vulnérables, cependant elles peuvent être accompagnées et il ne faut pas les « infantiliser » en faisant à leur place.

Les TSA ne sont pas des personnes en incapacité de faire les choses, elles ont juste besoin d’accompagnement.

Recommandations :

Il aurait été souhaitable de m’écouter lorsque j’exprimais le fait d’être en capacité de gérer seule mon budget malgré quelques petites erreurs indépendantes de ma volonté et attendre mon orientation en SAVS pour m’aider à travailler sur cet axe là en collaboration avec un professionnel à défaut de voir quelqu’un le faire à ma place.

En effet ce n’est pas en demandant à quelqu’un de faire à sa place qu’on apprend mais en étant accompagné et guidé : les personnes avec TSA apprennent beaucoup par essais / erreurs sans pour autant que cela les mette dans des situations catastrophiques

Eclairages issues de la mise en dialogue :

La situation dans laquelle on m’a placée est illégale et les menaces qu’on a proféré à mon encontre n’ont aucun fondement.

Je peux rompre la mesure à tout moment juste en adressant une demande émanent de ma part.

Une réflexion sur “Recueil Confcap – situation #76 : Un chantage pour la curatelle renforcée : une influence abusive ?

  1. Si l’intéressée est d’accord, autoriseriez-vous la revue Sésame (éditée par la fédération Sésame Autisme 53 rue Clisson -75013 http://www.sesameautisme.fr – sur facebook Sésame Autisme Fédération Française) à publier l’article “Un chantage pour la curatelle renforcée : une influence abusive ?”, de Sandra, publié le 5 octobre 2018 par Confcap

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